La page de départ de " l'histoire " :

"Simple et sain" << Retour <

Dimanche 10 Mars 2002 , vers 14 heures ; La même ville en totale dérive ; Une parmi d'autres ; A quelques dizaines de mètres du même lieu :

Le même composé organique complexe marche à nouveau sur un trottoir ; Mais cette fois-ci ce n'est pas une bouille sur patinette qui s'y intéresse , mais trois policiers en civil , et en service ; Lesquels , après avoir stoppé la paisible marche en cours , prétendent effectuer un contrôle d'identité de routine , excitent  rapidement des nerfs que l'on devine fragiles et des esprits que l'on sait instables , pour finalement  passer les menottes à l'élégante tenue grand froid , non sans y avoir défoulé quelques coups avant de la plaquer violemment au sol , bien évidemment .

A peine montée dans la voiture , la tête juchée sur foulard pour courant d'air sous le casque est immédiatement re-baptisée "p'tite merde" . Le flot d'insultes minables restant sans effet tourne rapidement à la commune dérive hormonale caractéristique des être primaires , l'homosexualité devenant bien évidemment le principal sujet de blagues méprisantes , puis  LA faute -présumée- que l'on se charge -assurément- de punir ; Les ersatz d'esprits s'échauffent ...

Arrivé à la Commissure centrale des lèvres -maintenant- en chaleur , les menaces insinuant  qu'on pourrait bien jouer à "descendre la p'tite merde" restant  , elles aussi , sans effet , on tente de l'éjecter de la voiture à grand coups de talons , puis , comme y prend la mesure du caractère chétif propre a tout présomptueux , on l'incite à s'extraire d'elle-même ...

Mais arrivé là , bien à l'abri des regards indésirables et persuadés que : "On va bien s'amuser" ; C'est la déception : Rien de suspect , rien d'anormal ; Pas la moindre attitude à prendre comme prétexte , pas la moindre faute à mettre en exergue , pas le moindre cutter dans une poche qui justifierait une garde à vue illimitée pour terrorisme ... On cherche , on recherche , on s'impatiente ... Mais non ; La p'tite merde a toutes les odieuses caractéristiques d'un citoyen considéré comme honorable , et qui se déplaçait honorablement sur un trottoir . On ne peut quand même pas le boucler pour " absence de délit "  ...

Alors on lui expliquera juste que "par sa faute , on a perdu du temps" ... C'est vrai qu'il va falloir trouver un autre objet de plaisir ... On ajoutera quand même , in fine : " Je regrette vraiment que la justice et la loi protègent des p'tites merdes comme toi " ... Le col avec scratch pour la doublure ne s'abaissera pas à rappeler que c'est le contraire qui est en train de se produire , et c'est dommage : Ça aurait permis de rappeler que lui , il ne le regrette absolument pas ...

Ça aurait pu faire réfléchir ...

Bref , au bout d'une heure passée à faire semblant de prévenir un Procureur que personne n'a jamais dérangé et rédiger un procès verbal que personne n'a jamais ni écrit ni signé , on renverra les bottes à semelles spéciales reprendre le cours interrompu de leur marche ; Sans mot  dire et sans dédire , comme dit le Poète ...

Et elles le feront ; Sans mot dire et sans maudire , comme dit l'Auteur ... " Pardonnez leur , parce qu'ils ne savent pas ce qu'il font" , comme semble avoir dit un certain Messie ...

Car tout cela n'est que quotidien ordinaire  en cet endroit ; Elles en ont plusieurs fois été les témoins impuissants et en entendent les échos permanents ... Tout système produit des déchets ; Il faut bien des poubelles pour les entreposer , et des "bras" à manipuler pour ne pas se salir les mains . Ainsi en va-t-il d'une société  qui s'appuie sur l'anonymat ...

Le coin d'une rue qui se fait voir et il ne reste déjà plus rien de l'insignifiante pantalonnade ... Les roquets n'atteignent que les fragiles , et ces bottes là sont entraînées pour encaisser les gamelles , relever les 200 kilos quand ils tombent et ... affronter en permanence l'envie et la frustration , prêtes à tuer , même ...

Non , vraiment , il n'est rien de conséquent  en tout cela .

MAIS ALORS , NOM DE NOM , POURQUOI EN PARLER ? ? ?

Et puis , surtout : Qu'est-ce que ça vient faire ici ?..

Quel rapport avec la "bouille sur patinette" et ses interrogations aussi maladroites qu'attendrissantes ? ? ?

Un rapport direct et immédiat : le   MOTIF  !

La police n'a de comptes à rendre à personne ... Sauf : Au sein de sa hiérarchie interne !

Pour pouvoir "ramener un client" et s'amuser avec , il faut un motif officiel à fournir " au chef " , qui l'exige , sans concession ni exception . Le motif a donc du être cité pour que " la fête puisse commencer " . Et le motif c'était :

IL Y AVAIT UNE TENUE DE MOTARD ...

MAIS PAS DE MOTO ! ! !

" Pas UNE SEULE sur toute la rue !..

...
DONC ...  "

(Ça ne vous rappelle pas quelque-chose ?.. Cherchez bien ... Une page avant celle-ci ... )

IL S'AGIT DONC BIEN LÀ D'UN SUSPECT !

"  C.Q.F.D. !  "

Nous y voila ...

...

Les mêmes causes produisant les mêmes effets , l'intoxication collective a atteint , cette fois-ci , des individus sensés représenter l'ordre , la morale et la justice . Ils ne sont plus comiques , mais nuisibles , ils ne sont plus attendrissants mais dangereux ;

Mais surtout , et contrairement à la bouille brouillée qui faisait l'objet de mon propos , ils ne sont  depuis longtemps plus en mesure de se remettre en question et donc , de COMPRENDRE où réside l'absurdité de ce qu'ils prennent pour évident ...

Ils appartiennent à ce que l'on a dénommé , fut un temps , " la génération sacrifiée " . Livrés à eux mêmes depuis toujours , ignorés , méprisés et rejetés par toute une société , frustrés et seuls , sans pour autant être solitaires , enfermés dans des cercles vicieux qui les ont conduits à chercher "une place , n'importe laquelle" , qu'ils ont fini par trouver ( Accepter par défaut , en fait ) et où , pour pouvoir les manipuler à loisir , on leur laisse carte blanche , on "les lâche dans les rues" , assurés d'être protégés par un système dont ils ont la bénédiction ... Jusqu'au jour où , devenus trop encombrants , ou trop chers , ou tout simplement parce qu'il y trouve son intérêt ,  le même système les sacrifiera définitivement .

En attendant ils nous montrent ... Le bout du chemin .

Ils nous donnent un aperçu exact de l'évolution en cours des valeurs officielles de jugement , et donc de condamnation , mais surtout  des actions qui DOIVENT en découler , répression brutale incluse ; Ils nous imposent progressivement (Et c'est là la mission essentielle qui leur incombe) la stricte apparence immédiate comme critère suffisant pour définir "la vérité officielle" .

Et notre gamin impatient subit les mêmes influences ; D'autant que cette impatience le pousse forcément à vouloir "prendre de l'avance" sur son apprentissage de la société "des grands" . Et comme si ce n'était pas assez il peut même les "regarder faire" , ce qui ne pourra que confirmer le caractère Étatique Officiel du devoir premier d'être conforme à la norme ... qui n'existe pourtant pas , et que chacun définira donc , à sa façon , à son envie .

Il prend leçon auprès de l'égarement total .

Et s'il continue à n'être aucune alternative pour se présenter à lui , la leçon deviendra règle , jusqu'à ce que la règle devienne loi ; Unique .

Pourtant c'est un enfant ; Il regorge encore de facultés pour apprendre ...

Que la vie qui l'attend peut être faite d'autre chose que ... d'arbitraire formel , normatif et stupide ...

Que bien au contraire elle exulte dans l'infinité des différences , des particularités , des identités ;

Dans toutes ces choses , dans tous ces actes , dans tous ces êtres , dans toutes ces pensées que l'on ne VOIT pas .

Ce qui le poussait à "se rendre utile" n'est que l'expression d'un besoin , fondamental , de "vivre quelque chose" , d'être , au moins un instant , autre chose qu'une -soit-disant- machine , anonyme et inexistante aux yeux de l'univers qui l'entoure , un objet parmi d'autres objets .

Mais il ne sait RIEN ... de cette "autre face du monde" , dont il pressent pourtant l'existence , et à laquelle il croit encore , et ne sait donc pas "comment s'y prendre" . Et pour cause : Pour qu'il puisse s'en faire une idée ; Pour qu'il puisse y puiser la force dont il aurait tant besoin ; Encore faudrait-il qu'on lui ait permis ... ne serait-ce que de s'en approcher .

En attendant cet hypothétique jour , et en l'absence , donc , de ces moyens de découverte , il ne peut que ... Répliquer la seule face qu'il connaisse ...

Or la quasi-totalité ce qui relève du Beau , de par ce monde qui l'entoure , est absent du catalogue des normes d'actions , voire , d'états , autorisés dans un lieu public ... Et ce catalogue là supprime chaque année de plus en plus d'articles ...

Quant à tout ce qui relève du privé , il y faut bien plier , d'une façon ou d'une autre , à un moment ou un autre , de gré ou de force , à la norme du commerce .

Au bout du compte , et >en évolution linéaire< , il ne restera rapidement plus à ce gamin , enserré entre la norme imposée et l'imposition des normes , qu'une trajectoire unique vers ... le dégoût de tout .

La police montre l'exemple ! Combien cela est vrai !

Mais NOUS , qu'est-ce qui nous empêche de mettre en oeuvre la démonstration ?